Je vois la biennale comme un facilitateur qui permet la pollinisation croisée entre les cultures. La possibilité d'avoir cette position fait de la biennale le centre où la transformation de la société peut avoir lieu. Mais cela n’est possible que si la biennale met en avant l'importance des réalités sociétales et leurs urgences. Pour moi, les biennales ont le pouvoir, par l'intermédiaire des artistes, de faire progresser la culture et la civilisation en provoquant la réflexion, l'introspection et la discussion, qui à leur tour conduisent au changement.
La biennale est un facilitateur de l'activité intellectuelle, de la réflexion critique et de la créativité, et à travers l'art et les artistes, elle peut nous aider à organiser notre monde - car l'art est un moyen par lequel nous comprenons notre société et notre culture, ainsi que la société et les cultures des autres. C'est dans cet esprit que je tente d'organiser la Biennale Yango d'une manière différente, en commençant par aborder les réalités sociales et leurs urgences.
Le point de départ est donc centré sur le partage des connaissances entre les cultures et portera sur "l'environnement urbain et naturel au Présent et dans le futur".
Le Présent fait référence à la situation actuelle du Congo - de son histoire et de sa relation au monde. En commençant par le Présent, j'invite les participants à réfléchir à la situation actuelle du Congo et, en même temps, à la raison pour laquelle la richesse de son histoire culturelle et l'abondance de ses ressources naturelles lui permettent d'aller de l'avant - "être un artiste, c'est être un miroir qui reflète la société, capable de réagir aux réalités de son temps. C'est vivre à la périphérie en défiant constamment la normalité". Le thème de la première édition de la Biennale de Yango, "Avancer" - aller de l'avant - assume la position du changement, du déplacement.
L'art étant au cœur de ce point de départ, il convient de réfléchir au rôle que jouent l'art et les artistes dans le processus de changement et, dans ce cas, dans le contexte de Yango et du Congo. Dans le même temps, il convient de réfléchir à la position de la biennale dans la facilitation du processus de réflexion, dans l'engagement de divers publics avec différentes formes d'art et dans la promotion d'un discours significatif. En tant que commissaire de la première édition de la Biennale de Yango, je dois relever le défi de mettre en place la biennale de Yango d'une manière différente.
Le Congo étant l'un des pays les plus importants pour le maintien de l'équilibre environnemental et de la biodiversité sur la planète, quel est le rôle du peuple congolais et du monde dans la préservation de cet équilibre. Le monde est-il responsable ou doit-il assumer une responsabilité égale dans ce domaine ? Quel serait l'impact de l'absence de mesures de préservation ? Et quels en sont les avantages ? Quel est l'impact du changement de l'environnement urbain et naturel du Congo sur le maintien de l'équilibre environnemental et de la biodiversité de notre planète ? Quel rôle les artistes et l'art peuvent-ils jouer pour y remédier ?
Puisque Avancer - assume la position de changement, d’avancée, ce processus nécessite cependant l'engagement de tous les acteurs, les institutions, les décideurs politiques, les éducateurs, les créateurs, le gouvernement et le grand public. Il est demandé aux artistes invités d'analyser, d'intérioriser, d'interpréter et de questionner la réalité du Congo et sa relation au monde dans le cadre du thème. Je suis très curieuse de leur réponse et de celle des divers publics. J'attends avec impatience leurs discours.
Sithabile Mlotshwa
Commissaire d'exposition